Alpes de Lyngen
Au cœur des fjords Norvégiens. Du grand ski où le soleil s'endort lentement.
Avec Guillaume, Aude et les Euskaldunak !
Après un vol de dernière minute pour la Suède, ce voyage a commencé par une longue traversée en train de Stockholm à Narvik. Véritable randonnée nordique ferroviaire de vingt heures, les latitudes sont avalées cahin-caha à la chaleur d'un bon café, les yeux rivés tour à tour sur ces paysages infinis et sur les cartes des Lyngen.
Les Alpes de Lyngen sont un massif très accidenté situé proche de Tromsoe au-delà du cercle polaire. Au fur et à mesure de notre voyage vers le Nord, le soleil incline progressivement sa course pour diluer le jour en une soirée qui s'étire, un régal de lumière !
Les conditions printanières qui nous accueillent ont transformé les routes en véritables patinoires de glace vive. Les pneus clous trouvent toute leur utilité et pour sortir les skis du coffre de notre voiture sans glisser, il faut arquer fort les rainures de la carrosserie !
On trouve donc une neige transformée en versant chauds et poudreuse tassée en versants froids. La première journée radieuse nous offre une magnifique incursion au cœur du massif sur le plateau de Lakselvtindane par un grand couloir puis un vaste plateau glaciaire désert.
Pour varier des nuits sous tente sur glace, nous rendons visite à l'une des "appen hytte" proches de la côte. Ces cabanes rapidement accessibles par de faciles itinéraires nordiques, sont de véritables havres de tranquillité au pied des montagnes. Personnalisées avec goût, elles sont remarquablement bien entretenues.
Nous passerons cinq journées merveilleuses à Fastdalshytta, laissant passer les journées de grosses perturbations, confortablement abrités à regarder les paquets de poudre transformer les Lyngen.
Le temps de brèves accalmies, nous sortons savourer quelques délices floconneux fraichement tombés. Quel luxe de pouvoir respirer à plein poumons ce brin de quotidien au cœur d'une nature battant la chamade.
C'est les joues rougies d'un froid de plus en plus mordant et les yeux pétillants de notre journée que chaque soir, après avoir retiré les peaux et rangé les skis sur le perron, nous retrouvons le confort de notre cabane. Le craquement de la porte, une buche sur les quelques braises encore chaudes et la soirée peut commencer. Dehors le vent souffle et les aurores illuminent chacune des éclaircies nocturnes.
Mais les Lyngen sont vastes et de nouveaux horizons nous attirent. Par une journée où l'épaisseur de neige fraîche atténue chaque bruit, nous quittons notre abri cosy. Un dernier passage par Koppangen, petit village de pêcheurs du bout du monde blotti au fond de son fjord et nous filons à l'Ouest.
Rendez-vous chez les amis basques de Guillaume qui nous accueillent comme des rois avec un repas gargantuesque et... LA douche ! Dernier jour pour eux en Norvège, nous partageons une matinée de pur beau temps sur le Steinfjellet non loin de Svensby. Eskerrik asko les gars !
Pour la fin de notre séjour nous dégottons un petit "Gapahuk", un abri de fortune qui complète à merveille notre tente pour manger confortablement. On profite du bord de mer pour quelques randos du soir plongeantes, un mariage irréel de mer et de ski baigné d'une lumière fantasmagorique.
La vue depuis notre abri sur le beau massif glaciaire du Nord des Lyngen appelle à de belles virées. Dernière journée du voyage, le grand beau temps est là, une neige absolument immaculée scintille au petit matin comme une invitation irrésistible. Nous chaussons pour une grande et belle journée de ski dans ce massif atypique et désert.
Immense bonheur de tracer toute cette neige dans un tel cadre. Nous errons en direction du Store Joegervasstindane, sommet majestueux du Nord des Lyngen. Un vent terrible nous cueille sur le Lenangsbreen et nous accompagne jusqu'au franchissement du Lenangsskardet, immense plateau glaciaire sans trace.
La dernière pente du Store nous verra renoncer une centaine de mètres sous le sommet car les quantités de neige frisent l'indécence. Même si tout semble d'une incroyable stabilité, nous sommes tous les trois exposés. Nous ne tergiversons pas plus et nous libérons dans une descente sur-gavée.
La lumière rasante rougit déjà vers une de ces soirées interminables dont les régions polaires ont le secret. Nous éternisons avec elle la rando par une boucle photogénique.
Dernier col, dernier doute carto, ça passe. Nous voilà à vue pour une dernière descente vierge dominant le fjord Ullfjorden. Avec de telles conditions, on aimerait que jamais les cuisses ne faiblissent, que jamais la lumière ne s'essouffle. Instants d'euphorie !
Dernière soirée et dernière danse d'intenses aurores évanescentes.
Farvel Lyngen ! Og takk.