Olivier Harant

Guide de Haute Montagne

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Voie Fourastier à l'Ailefroide

02-11-2014

Une course historique dans le sanctuaire du glacier Noir.

Avec Arnaud.

Cet été capricieux aura eu le mérite d'offrir de belles conditions automnales pour les courses mixtes dans la plupart des grandes faces alpines. Dans les Ecrins, la muraille des faces Nord du glacier Noir est striée de belles lignes de glace et mixte et celles du côté de l'Ailefroide vers lesquelles nous nous orientons sont particulièrement en bonnes conditions.

Notre dévolu est jeté vers une grande et belle classique, la voie Fourastier en face Nord de la pointe du même nom : 800 mètres soutenus où il convient de garder un certain rythme pour sortir assez tôt et gérer la descente qui est garnie de petits passages à fort potentiel galère... Ouverte en 1936, cela laisse rêveur...

La face Nord de la pointe Fourastier.
La Fourastier : goulotte en S à droite.

Après un coup de stop stratégique pour laisser la voiture à Ailefroide et s'éviter un petit bonus de cinq kilomètres à pied supplémentaires après la course, nous quittons le pré de Madame Carle pour monter bivouaquer en haut du glacier Noir. On fait le plein de chaleur avec les derniers rayons de soleil pour les prochaines vingt-quatre heures.

Le glacier noir et l'Ailefroide.
Derniers rayons.

La nuit est déjà là et deux petites frontales hésitantes vont et viennent dans le haut de la face. Ceux-là ont dû galérer, espérons qu'ils trouvent vite une issue. Pour l'heure, c'est déjà engourdis par le froid que l'on plonge dans nos duvets avec chaussures, thermos, gaz et bouteilles d'eau pour notre plus grand confort...

4h30, une main sort furtivement du duvet pour allumer le réchaud. L'air est piquant, le froid vif. Alors même qu'on a pris soin la veille de tasser à l'extrême la neige dans la casserole pour ne pas avoir à trop refaire le plein le matin, c'est toujours désespérant d'en voir le minable fond d'eau frémissant qui en ressort. Bref, on finit par boire notre thé, on se prépare, hop, on enlève vite la doudoune et c'est parti !

Rimaye de la Fourstier.
Franchissement de la rimaye.

Arnaud franchit la rimaye et gère les premières longueurs qui s'avèreront les plus délicates à grimper et à protéger. Ensuite c'est un festival de neige "couic" où les piolets et crampons mordent à merveille. En grattant un peu la neige, on trouve facilement de la glace pour se protéger.

Dans la pente centrale.
Dans la pente centrale.

Malgré quelques rares zones de glace où les mollets chauffent et un peu de neige pulvérulente désagréable, le rythme est trouvé et on progresse régulièrement jusqu'au bastion sommital.

 Sous le bastion sommital de la pointe Fourastier.
Sous le bastion sommital.

Une rampe cachée dévoile enfin son cheminement logique et permet aujourd'hui de sortir par deux belles longueurs de mixte où les lames des piolets se coincent à merveille avec quelques réglettes de pied délicates. Les protections sont très bonnes, un pur plaisir !

Longueur dans la voie Fourastier aux Ailefroide.
Un régal.

Les jours sont courts et on profite des dernières lumières pour gérer les rappels versant Sud sans l'aller/retour à la pointe Fourastier toute proche.

Sur la voie normale de l'Ailefroide orientale.
Sous la lune.

Les fameuses vires de la voie normale de l'Ailefroide Orientale sont débusquées et on s'octroie une dernière pause thé/crèpe/brownie dans le vallon avant de laisser notre esprit divaguer et nos pieds nous guider jusqu'à la voiture.

Glaciers de l'Ailefroide et du Sélé.
Glaciers de l'Ailefroide, du Sélé et les Bans.

Une longue journée à croquer la montagne à pleines dents !

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